Comment, par la sélection des
reproducteurs puis le génie génétique, l’homme a "fabriqué" des
vaches parfaitement adaptées à la production et la consommation intensives. Sur
un ton cocasse, une enquête édifiante Jean-Christophe Ribot sur ce glissement
démiurgique.
Ce documentaire s’interroge sur le
sens des rapports qu’entretiennent les humains avec les bovins. On comprend surtout
que l’homme s’arrange pour nier les caractéristiques du « vivant »
chez le bovin afin d’en faciliter toutes les étapes de son commerce, de la
naissance de la bête jusqu’à sa consommation. Adieu les relations sexuelles,
mise bas sans contact avec le veau, éducation du veau en cage, alimentation par
fourrage industriel, espace de vie restreint ne permettant pas de gambader et
mort à la chaîne.
On voudrait croire que cette
tendance à « déshumaniser » les bêtes - parce qu’il n’existe pas de
verbe signifiant "enlever les caractéristiques de la vie chez les mammifères" – ne
concerne que celles destinées à l’alimentation humaine. L’homme a une fâcheuse
tendance à vouloir contrôler le mode de vie et de reproduction de toutes les bêtes
qui l’entourent. Ce contrôle - légalement soutenu par les codes civil, pénal et
rural faisant de tout animal un objet soumis à propriété humaine – permet de
dénier le mode de vie inhérente à chaque espèce et permet de le commercialiser
sans autre forme de procès.
Les animaux - qu’ils soient de
compagnie, d’exploitation ou sauvages - ont des besoins et des envies. Ils vivent grâce
aux relations sociales qu’il crée avec ses congénères et possède une conscience
individuelle et collective. L’homme moderne parviendra-t-il à revenir sur les
traces de ses ancêtres qui respectaient l’esprit de l’animal ?
Résumé :
« Au commencement étaient les
aurochs, immortalisés par l’art pariétal. Puis vint le temps de la
domestication. En régentant la vie sexuelle des bovins, l’homme s’octroyait
ainsi la possibilité d’améliorer la race. Au XXe siècle, qui voit l’invention
de l’agriculture industrielle, le phénomène connaît un coup d’accélérateur
grâce à l’insémination artificielle. Les tests de descendance, mis en œuvre
pour élire les meilleurs reproducteurs, accouchent d’un véritable star-system
et… de maladies de la consanguinité, la semence des taureaux les plus en vue
inondant le marché - à l’image du vaillant Jocko Besné, né en 1994 dans le
Morbihan et père de quatre cent mille femelles sans avoir jamais sailli une
comparse. Au début des années 2000, une nouvelle étape est franchie avec le
séquençage du génome d’une vache. Désormais, il s’agit pour les éleveurs,
guidés par des algorithmes, d’acquérir le sperme du mâle génétiquement idéal
pour leurs femelles. On « fabrique » des vaches sur mesure : Musclée ?
Sans cornes ? Avec des petits pis ? Grâce aux progrès de la
génétique, il n’y a plus qu’à choisir son modèle et passer commande. Et puisque
l'on peut décrypter le génome des bovins, pourquoi ne pas le modifier ? En
Argentine, des chercheurs sont allés jusqu’à donner naissance à Rosita, une
vache porteuse de deux gènes de femmes censés reproduire les propriétés du lait
maternel humain.
Tourné dans les élevages et les
laboratoires, auprès d’agriculteurs, de généticiens et de philosophes, ce film dresse un état des lieux stupéfiant du pouvoir de l’homme
sur le vivant, qu’il modèle selon ses désirs. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire